Ce magnifique Cormoran, probablement des années 50 a bénéficié d’une refonte totale de sa charpente axiale.

Une fois le puit de dérive déposé pour inspection, la quille d’origine se révèle être à bout de souffle. Irréparable, son remplacement est inévitable. Il faudra alors réparer l’étrave ainsi que l’allonge de voute afin que la liaison entre ces pièces et la nouvelle quille soit impeccable.
Un gabarit a été fabriqué afin de récupérer le trait de dégraissement de la râblure. Une épure s’avère indispensable pour tracer les traits de râblure sur cette pièce complexe où rien n’est droit.
Une fois la quille façonnée et la râblure taillée précisément. Il s’agit de percer la quille de part et d’autres pour les boulons de lest. Ces boulons ont été forgés sur-mesure.
Lorsque la quille est posée et boulonnée définitivement, il est temps de réparer l’ensemble des membrures afin de pouvoir accueillir le bordé. De nombreuses membrures étaient déjà cassées ou en triste état. Pour chaque membrure, un relevé de forme a été effectué afin de concevoir un moule sur lequel a été mis en forme un lamellé-collé de frêne. Un travail long et fastidieux mais absolument nécessaire.
C’est maintenant l’étape la plus encourageante : la réparation du bordé en bois moulé. La réparation a consisté à refaire du bois moulé en 3 plis. Il s’agit alors de décroiser les plis existants en marches d’escaliers. Chaque nouveau pli est collé à l’époxy et fixé à l’aide d’agraphes composites.
Le bateau est enfin retourné après plusieurs mois de travaux. Les anciennes varangues – sous-dimensionnées – sont remplacées par des varangues de plus fort échantillonage afin de rigidifier la coque et surtout renforcer la liaison coque / quille. Le puit de dérive a également été réparé et mis en place sur un lit de blious afin qu’il reste démontable.
Dernière mauvaise surprise : l’état de la jaumière. Sous de nombreuses couches de stratification se révèle un tube en acier en fin de vie… Il sera remplacé par une jaumière en inox.
Plusieurs mois de travaux auront été nécessaires pour venir à bout de cette restauration ou plutôt de ce sauvetage. C’est sans regret car le bateau s’avère être exceptionnel en navigation. La coque en bois moulé est d’une légèreté déconcertante et le grément est d’une puissance remarquable. Les cormorans sont sans aucun doute d’excellents voiliers.